La Croix du 13 janvier publie un état des lieux de la condition des femmes dans le monde, intitulé « Le long chemin de l’égalité entre les hommes et les femmes » et de fait les données qu’on y trouve dans les différents domaines sont assez affligeantes. Je m’étonne que si peu de liens soient faits entre cet état de fait et les événements tragiques que nous venons de vivre. Parmi les valeurs assassinées mercredi 7 janvier, il y a l’égalité entre hommes et femmes. La femme libre, la femme libérée, représente un danger, un désordre, pour les sociétés traditionnelles et les religions.
Ah ! Ne tirons pas trop vite sur l’Islam qui, en cachant le corps des femmes, leur fait croire que c’est ainsi qu’elles sont libres. Regardons notre Église catholique. Dans ma paroisse de banlieue proche de Versailles, ce même dimanche de la marche pour la liberté, j’ai été accueillie par des fillettes revêtues d’une cape blanche qui remettaient la feuille d’annonces de la semaine. Ensuite, on les a revues lors de la procession des offrandes qu’elles ont portées jusqu’au bas des marches de l’autel (attention à la barrière du sacré !) où les garçons, enfants de chœur en aube blanche, les ont prises pour les porter à l’autel. Leur place dans les autres processions, communion ou sortie, a toujours été seconde. Dans de telles pratiques, l’Église fabrique du genre : elle assigne des rôles et des vêtements différents aux garçons et aux filles que rien ne justifie. Elle crée de jeunes petits machos et des filles habituées à rester discrètes. Et on s’étonne que l’égalité hommes-femmes peine à s’installer et qu’il existe une ségrégation dans l’emploi ? On commence par le bleu et le rose et on finit par la barbe et la burka. Quel rapport ? C’est la même logique qui est à l’œuvre, celle de la séparation et de la discrimination sur la base de l’appartenance sexuelle. L’Église catholique ne peut apporter sa caution à ces exclusions. Ce n’est pas le lieu de discuter ici s’il est opportun d’avoir des prêtres féminins, mais le pape François si soucieux de rafraîchir et d’assainir les rouages de l’Église a une façon toute simple de procéder à un changement profond : qu’il ouvre sa hiérarchie à l’autre moitié de l’humanité, les femmes*.
Alice Gombault
* Jacques Meurice dans Golias déc. 2014