Lors de sa conférence de presse improvisée, dans l’avion le ramenant des Philippines, ce 19 janvier dernier, le pape François a évoqué la natalité et une nécessaire « paternité responsable ». Domique Quinio, dans un éditorial plein de finesse (La Croix du 21-0I-2015), souligne la créativité langagière de ce pape qui affirme qu’il n’est pas du devoir des catholiques de se reproduire « comme des lapins » ! Mais elle fait remarquer aussi qu’il faudrait peut-être parler aujourd’hui de « parenté responsable ».
On y souscrira spontanément, et dans les mots mêmes du pape, à cause de cette « réalité humaine », scientifiquement affirmée aujourd’hui dont nous découvrons qu’elle peut inspirer une « liberté d’expression » qui en souligne le sens : il faut un patrimoine et un matrimoine génétique à concurrence égale pour appeler un enfant à la vie. Caduque et dépassée cette image patriarcale d’une femme qui se contenterait de « porter l’enfant de l’homme » ! Et cette avancée révèle la superbe réalité naturelle qui plaide pour une « parenté responsable », celle-ci du reste se trouvant elle-même désormais garantie par de nouvelles normes législatives (en France, la loi de 1970 sur « l’autorité parentale conjointe » et l’abandon de la notion de « chef de famille »).
Ce n’est pas nier pour autant que paternité et maternité s’exercent mutuellement, chacune de façon singulière mais au sein du principe et de la pratique d’une responsabilité commune ; le pape n’a pas manqué de souligner fortement l’instance nécessaire de ce dialogue permanent qui construit la vie du couple et de la famille.
Sans être grand clerc, on comprend bien pourquoi le langage clérical, attaché à la tradition de son enracinement patriarcal, en porte plus qu’un autre la marque. Et parfois le poids ! Un poids devenu inutile et qui se fait souvent blessant pour les partenaires femmes.
Il est grand temps qu’un effort sémantique fasse évoluer les expressions convenues et marque sa conformité éthique avec les nouvelles donnes scientifiques, sociales et les valeurs d’aujourd’hui. Lorsqu’il s’agit de nommer et reconnaître les femmes, de valoriser le partenariat entre les sexes, l’abandon des formules dépassées permet d’ affirmer que la prise en compte des pleines capacités des femmes, l’attention et le respect envers elles, sont devenus indispensables à la vie sociale et communautaire.
Marie-Thérèse Van Lunen Chenu