Dans le cadre du synode canadien 2012 portant sur la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne, nos amies Québécoises du Réseau Femmes et Ministères formulent des propositions sur les ministères du lectorat, de la parole et du diaconat permanent. FHEDLES s’associe à ce texte.
La question des ministères est étroitement liée à la question de l’évangélisation, au point d’en être indissociable. Les ministères ne sont-ils pas des services nécessaires à la communauté chrétienne afin qu’elle puisse, entre autres, s’acquitter de sa responsabilité missionnaire? Pourvoir la communauté des ministres dont elle a besoin s’avère donc une tâche essentielle. À cette fin, il faut savoir discerner dans la communauté des personnes, hommes et femmes, aptes à remplir des fonctions officielles et non officielles. Car, par nature, les ministères sont ecclésiaux, donc ni masculins, ni féminins.
Dans le cadre du Synode de 2012, le réseau Femmes et Ministères juge opportun et nécessaire de présenter aux évêques canadiens trois propositions. Il espère ainsi que, par la voix de leurs délégués, ces propositions trouveront un écho favorable dans l’assemblée synodale.
ÉTANT ENTENDU
– Que « plus les femmes apportent leur vécu en communauté chrétienne et le mettent en partage avec les membres de toute l’Église, plus l’enseignement du magistère s’enrichit de ce qui fait l’expérience de la foi aujourd’hui (Mgr Bernard HUBERT,« Une complémentarité réciproque ». Lettre pastorale du 7 décembre 1981, n. 27);
– Qu’ « il faut ouvrir des pistes concrètes. Il nous faut d’abord appeler et reconnaître la contribution des femmes de nos communautés chrétiennes aux débats vitaux de la société.[…]. Il faut également appeler et reconnaître en fait et en droit la pleine participation des femmes à la vie ecclésiale. […]. C’est dire que la voix des femmes est essentielle à la sacramentalité de l’Église et au témoignage qu’elle est chargée de porter » (Mgr Jean-Guy HAMELIN, « La participation des femmes à la vie de l’Église »);
– Que Benoît XVI reconnaît « la nécessité de confier à des femmes des postes de responsabilité plus élevés dans l’Église », et que « Les femmes elles-mêmes sauront déblayer ce terrain. Et nous devrions essayer de nous mettre à l’écoute de Dieu afin de pas entraver ce mouvement » (Entretien accordé à la télévision de Bavière, le mercredi 16 août 2006);
– Que « les femmes, en particulier, jouent un rôle indispensable surtout dans la famille et dans la catéchèse. En effet, elles savent susciter l’écoute de la Parole, la relation personnelle avec Dieu et transmettre le sens du pardon et du partage évangélique » (Proposition 17, Synode sur la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église);
– Que le Synode de 2012, lié étroitement à celui de 2008 au point de constituer « un dessein unitaire » (Lineamenta, n. 1), incite alors à revisiter la proposition 17 sur la possibilité « d’ouvrir le ministère du lectorat aux femmes ». Car l’exhortation post-synodale Verbum Dei garde le silence sur cette possibilité. La raison invoquée « Benoît XVI est en train d’étudier actuellement cette question », déclare le Cardinal Marc Ouellet lors de la présentation de l’exhortation post-synodale (Zenit 12 novembre 2011);
– Que les ministères sont des services à la Communauté chrétienne dont les membres sont appelés, par leur Baptême, à vivre en conformité avec l’Évangile et à l’annoncer tant par le témoignage de leur vie que par leurs divers engagements. Or les communautés chrétiennes ont un urgent besoin de ministres formés non ordonnés pour l’aider à nourrir la vie de foi et à la célébrer avec dynamisme aux moments des liturgies sacramentelles et non sacramentelles;
– Que le motu proprio Omnium in mentum de Benoît XVI précise que la fonction de gouverner – agir en la personne du Christ-Tête – appartient en propre aux ministères épiscopal et presbytéral. Il s’ensuit que « la ressemblance naturelle avec le Christ » exigée pour assumer cette fonction, d’après la discipline actuelle de l’Église romaine, perd sa pertinence au point de faire tomber l’obstacle majeur à l’ordination diaconale pour les femmes: celui d’être un homme.
Pour les raisons évoquées auxquelles bien d’autres pourraient s’ajouter, le réseau Femmes et Ministères demande aux évêques délégués au Synode de prendre en considération les trois propositions suivantes:
1) Que le ministère institué du lectorat soit ouvert aux femmes afin de reconnaître de façon officielle une fonction qu’elles exercent depuis longtemps au sein des communautés chrétiennes.
2) Que le ministère de la Parole, composante inhérente au ministère ordonné, soit aussi instauré comme un ministère institué. Des ministres non ordonnés (femmes et hommes) seraient ainsi habilités à prêcher, à expliquer et à commenter la Parole de Dieu dans le cadre de liturgies sacramentelles et non sacramentelles, nommément lors de célébrations dominicales en l’absence de prêtre.
3) Que le ministère du diaconat permanent soit ouvert aux femmes. La fonction de gouverner n’appartient pas à l’ordre diaconal selon le motu proprio Omnium in mentum; ce faisant, l’obstacle majeur « être un homme » tombe de lui-même et il ouvre ainsi la porte du diaconat permanent aux femmes.
Il va de soi que la demande d’ouvrir des ministères aux laïques, femmes et hommes, comporte aussi la requête de formations adéquates pour l’exercice des divers ministères ainsi que l’exigence de procéder à de judicieux discernements pour reconnaître celles et ceux qui sont appelés à assumer des fonctions ministérielles.
Réseau Femmes et Ministères
par Micheline Laguë
Le 7 septembre 2012