4 et 5 juin 2022 – Couvent de la Tourette – Éveux
Ce week-end à l’initiative du Comité de la Jupe a rassemblé plus de 60 femmes. D’autres associations participaient ainsi Toutes Apôtres ! et bien sûr FHEDLES, précurseur de ces nouveaux groupes. L’organisation était bien menée par des jeunes femmes, avec un bon équilibre entre conférences, temps d’écoute, de parole, temps de rencontre et de partage et temps plus spirituels avec la présence des moines.
Les conférencières étaient bien choisies. Celle qui m’a le plus intéressée est Anne-Joëlle Philippart « Entre Marie et Eve… derrière le décor du génie féminin » dont personnellement je n’aurais gardé que la deuxième partie du titre. Les autres conférences portaient sur Les femmes dans le Nouveau Testament, sur quelques grandes figures féminines entre les XIVe et XVIIe siècles ou sur les théologiennes américaines féministes Rosemary Radford Ruether et Mary Daly, très bien documentées. Personnellement, elles ne m’ont rien apporté de nouveau, mais le besoin de formation de ces jeunes féministes semblait probablement nécessaire.
Le féminisme que j’ai rencontré-là était jeune pour un tiers des participantes, un féminisme élargi pour certaines à toutes les femmes déjà défavorisées par le handicap, la misère, l’appartenance sociale ou ethnique. Ce qui m’a frappée c’est la somme de souffrance et d’humiliation imposée par l’Église institutionnelle à ces femmes qui sont souvent à son service. Mais aussi la joie et la reconnaissance de participer à ce week-end leur permettant de se retrouver avec d’autres, parlant le même langage et vivant les mêmes épreuves.
La table ronde de clôture a permis de rendre compte que ces deux mots de féminisme et catholicisme avaient été articulés dans tous les sens : féministe donc catholique, féministe parce que catholique, féministe bien que catholique etc. De même, le mot Église a été disséqué : Église institution dont on se passerait volontiers, Église comme composante de la personne, Église de petits groupes voire familiale, Église qui transmet. Lors de cette table ronde, Annie Crépin, actuelle co-présidente de FHEDLES, a magistralement présenté l’association avec beaucoup de justesse et de finesse. Elle a souligné la solitude de Femmes et Hommes en Eglise lors de ses débuts en France. Elle a terminé sa prise de parole par ces mots, chaleureusement applaudis : « Continuez, vous êtes prêtresses, prophétesses et reines ».
Soulignons la présence d’Anne Soupa, présidente du Comité de la jupe, connue pour ses écrits et sa candidature médiatique à l’archevêché de Lyon en remplacement du Cardinal Barbarin. Elle a ouvert le week-end en présentant l’histoire du Comité de la jupe et a conclu la table ronde sur des idées bien proches des miennes. Peu coutumière de tant de discrétion, je n’ai pu me retenir in fine de donner le témoignage de la plus âgée des militantes féministes présentes : « Quand j’ai débuté à FHE, j’étais plutôt partisane de l’ordination des femmes qui me semblait juste et pouvait contribuer à l’égalité hommes/femmes. Mais au fil des années et davantage ces derniers temps avec le rapport de la CIASE et l’injonction du pape François à lutter contre le cléricalisme, je pense que pour supprimer le cléricalisme, il faut supprimer les clercs. C’est pourquoi, je suis aujourd’hui contre l’ordination des femmes comme celle des hommes, car c’est l’ordination qui sacralise les personnes et permet tous les abus. » Mes paroles furent plutôt appréciées et plusieurs sont venues me le dire personnellement.
Félicitons les organisatrices de ce weekend qui répond à un besoin d’autant plus présent qu’on constate une régression actuelle des jeunes prêtres, des paroisses et des liturgies. Ces diverses associations renverseront-elles cette tendance ou plutôt créeront-elles des groupes de laïcs-ques aptes à transmettre le message de Jésus le nazaréen par leur parole simple comme par leur fonctionnement non hiérarchique ?
Alice Gombault – 08/06/2022